Un buffle pousse de toutes ses forces sur la paroi, enfonçant sa tête dans la roche pour déplacer une île ; c'est qu'une comète, qui file dans le ciel, viendra bientôt heurter la surface et exploser ce bout de terre. Il le sait, il l'a vu dans ses rêves, c'est ce qu'il dit au varan qui le rejoint dans son effort.C'est ainsi que commence ce récit, formé de plusieurs histoires courtes où les animaux occupent seuls le devant de la scène. Au fil de ces récits, on suit un étourneau perdu en pleine migration, une autruche qui doute, un jeune éléphant apprenant l'histoire du monde... Cet ensemble de paraboles d'une grande force d'évocation nous replonge dans les délices des fables deLa Fontaine autant que dans les images tourmentées du Livre de la Jungle. Habilement, Jérémie Moreau parvient à décentrer notre regard et à dépasser l'apologue moral humaniste ; les animaux deviennent des vivants, aux existences et aux beautés singulières.Après la Saga de Grimr et Penss, Jérémie Moreau, en pisteur qui sait lire les signes et les traces, continue d'explorer, dans ce Discours de la Panthère, les chemins qui mènent aux origines du monde.
Emma vient d’avoir 16 ans. L’heure du mariage a sonné ! Chaperonnée par son cher oncle le Baron, (personnage hautement porté sur la bouteille), notre curieux couple part au bal travesti. Fonçant à toute berzingue dans une complète obscurité, notre duo percute le carrosse de Lord Pudding escorté du fier fakir Satiagit et de son tigre… Le regard attendri (coquin ?) que porte aussitôt notre jeune Cendrillon pour la bête n’est que le signe avant-coureur d’une folle soirée. à cette confusion primordiale s’ajouteront à la fête Tête de bois, une compagnie de soldats, mais aussi un savant (fatalement fou). Le premier Bal d’Emma, symphonie macabre, tel un Carnaval des Animaux gothique, introduit une par une chacune de ses créatures, bourgloutes ou aristocrates décatis, avant de les agencer dans un bouquet final. Ce feuilleton, dans la veine d’Edward Gorey ou de Tim Burton, a été conçu à quatre mains dans Lapin, la revue de l’Association : le « riff » endiablé de Donatien Mary et les solos ensorcelants de Sophie Dutertre déploient dans une folle fuite en avant une énergie survitaminée.